Coucou! Aujourd'hui on va retourner dans le passé, à la découverte des contrées normandes médiéval du IXe siècle. Voici une histoire de sorcière, des celtes et des vikings dans ce one-shot palpitant de l'autrice Sophie Leullier, Ce Que Les Corbeaux Nous Laissent.
(C'est vrai que dans l'article My Lady Vampire je vous avais teasé une critique d'une certaine BD qui finalement sortira plus tard ce mois-ci oups...)
Paru le 6 septembre 2024 aux édition Dupuis Ce Que Les Corbeaux Nous Laissent est le premier roman graphique de Sophie Leullier.
Sophie Leullier est une jeune autrice originaire de Normandie. Ayant déjà illustrée des albums jeunesse en plus de travailler au cinéma, elle a également auto-éditée une BD avec l'autrice Anaïs Flogny en 2019 du nom de Fables Urbaines.
Petit contexte avant de parler du récit... Vous le saviez probablement déjà mais la France avait auparavant un autre nom ( dont d'autres frontières ), la Gaule. Alors certes la Gaule fut divisé après la conquête de Jules César dans les années 58 à 51 av J.C mais la partie qui nous intéresse le plus c'est celle de la Gallia Celtica, la Gaule Celtique et ses habitants les celtes. Cette région correspond aujourd'hui à une très grande partie de la France dont la Normandie. N'étant qu'une région de l'Empire Romain, à la chute de celle-ci la région celtique rejoint les Royaumes Francs au V° siècle puis le Royaume de France. Par ailleurs c'est notamment au IX° siècle que les vikings débarquent en Normandie d'une façon des plus violentes et marquantes.
Les raids vikings de cet époque va être une inspiration pour l'autrice pour un certain évènement dans sa BD mais S.Leullier va surtout s'inspirer de la chasse aux sorcière. En effet, le récit se déroule au Moyen-Âge dans une Gaule christianisée où chaque malheur peut être la fin d'un marginal ou bien juste d'une femme qui sait se défendre...
Bien bien bien il est grand temps de passer à cette BD, Ce Que Les Corbeaux Nous Laissent...
Le récit s'ouvre sur un champ de bataille... ou plutôt un village en feu et en sang mais une femme s'y tient debout, un nourrisson dans les bras, au milieu des vikings en plein massacre. Tandis qu'un des guerriers s'éloigne avec la mère, une femme gisant au sol lui crie "Galswinthe... Sois maudite, putain des hommes du nord. Maudite!".
Plusieurs années plus tard au nord de la forêt se trouve Galswinthe et ses deux fils vivant dans une chaumière isolée des hommes. L'atmosphère est calme voir même apaisante mais l'angoisse de la mère vient briser cette sérénité. Enfin on peut imaginer que cette sur-protection de ces enfants est liée à ses propres traumatismes, néanmoins ses fils n'ont pas la même perception du danger notamment quand son cadet, Tarik, s'enfuit dans les bois pour ramener du gibier. Galswinthe et son ainé, Adalrik, partent à sa recherche séparément. Adalrik le retrouve enfin, malheureusement celui-ci s'est fait capturer par un groupe de mercenaires et laissé pour mort...
Bizarre bizarre... À la page suivante Tarik et Adalrik fuient vers leur maison et le petit est bien vivant bien que blessé au visage. Cependant le plus étonnant est Adalrik qui lui est devenu tout blanc... À la sortie de la forêt, Tarik court dans les bras de sa mère mais c'est avec horreur qu'ils s’aperçoivent qu'Adalrik n'est plus là.
Plusieurs années se sont écoulés et Tarik est enfin devenu un jeune homme. Il vit toujours dans sa petite chaumière avec sa mère et pourtant rien n'a changé, tout est comme le temps où son frère était là, rien n'a été changé. Malgré les années, la tristesse et la culpabilité ne font qu'accroitre au sein de ce foyer chez le frère et la mère, l'un se noie dans l'alcool et l'autre dans les sortilèges. Tarik est constamment hanté dans ses rêves par le fantôme de son frère mais décide pour autant de remettre de l'ordre dans sa vie en sociabilisant au village. Sa mère, Galswinthe est convaincue qu'Adalrik a besoin d'être libéré de la forêt et tente de convaincre Tarik de l'aider.
rendez-vous plus bas pour la fin de l'article.
~~~~~ SPOIL ~~~~~
Pour le coup c'est assez difficile de parler de cette BD sans trop spoiler, d'où la section spoil.
En réalité l'histoire est plus profonde que ça en a l'air, l'autrice ne traite pas que du deuil.
La mère, Galswinthe est issu du peuple celte en revanche elle est assez à l'écart de ses comparses, pas intentionnellement, et c'est une "druidesse" voir une sorcière. Et cette femme est marié à un viking et a des enfants avec lui. Elle n'est pas très appréciée dans son village. Un jour où son mari était absent elle fut agressée sexuellement et en se défendant elle a tué son agresseur, un des villageois. Mais bon déjà aujourd'hui être une femme c'est pas facile mais alors imaginé l'être au IX° siècle quand en plus vous êtes une marginal! malheureusement avec l’expansion du christianisme, elle est jugée comme sorcière et condamnée au bûcher avec son fils. C'est in extremis qu'elle est sauvée par les vikings qui mettent le village en feu par pur vengeance.
Pendant des années, Galswinthe était blessée et hantée par cet évènement et la raison pour laquelle elle s'est réfugiée loin des autres c'est pour ne pas se retrouver dans une situation similaire ou revoir ses détraqueurs. Malheureusement, ses craintes ont vu le jour la nuit où son fils Aldarik s'est fait tuer par la femme qui avait maudit Galswinthe de nombreuses années auparavant.
Ce Que Les Corbeaux Nous Laissent est un cycle de vengeance entrainant la mort et la culpabilité qui prend fin grâce à sa première victime. Galswinthe est une femme victime d'abus qui n'a pas été soutenue par ses sœurs mais décide de briser le cycle en laissant la vie sauve à la meurtrière de son fils.
Galswinthe et Tarik commencent enfin à vivre, acceptant enfin la mort d'Aldarik, la dernière étape du deuil.
En revanche, la critique que je pourrai dire envers le récit, c'est le personnage de Tarik qui est passé à la trappe une fois la chute dévoilée. Je trouve ça vraiment dommage parce que pendant pratiquement toute l'histoire on a suivi ce garçon avec son point de vue et à la fin j'étais laissée sur ma fin, j'ai pas l'impression qu'il ait eu une clôture à sa douleur interne, sa culpabilité.
~~~~~ FIN DU SPOIL ~~~~~
Je m'attendais pas à ce genre d'histoire et la chute, bien qu'elle soit prévisible je pense, eh bien c'était une surprise. Honnêtement quand je lis souvent je réfléchis pas, je suis juste absorbée par l'histoire (et même quand je connais la fin j'arrive à être surprise).
C'est une très belle histoire, les personnages sont super attachants et on ressent tellement leurs émotions. Puis les graphismes sont magnifiques : les dessins ont un peu un air de BD jeunesse, l'autrice à un trait assez rond avec des couleurs pétantes, on est loin du réalisme et pourtant le récit traite un sujet plutôt mature et sombre pour le style choisi par rapport à ce qu'on pourrait avoir l’habitude de lire. Cela crée un contraste très intéressant.
Bref, c'est un roman graphique magnifique qui vaut le coup d'être lu. Sophie Leullier commence très fort en espérant qu'elle continue comme ça!
Sur ce je vous dis à bientôt pour un prochain article spécial Halloween!!! 🎃
Ciao les miaoutes!!